Nos portraits : Eric Péron
Membre du French Touch Oceans Club, Royal Mer soutient et suit les projets de Course au Large d’un marin d’exception depuis 3 ans déjà. Pour le 3ème portrait de nos...
Membre du French Touch Oceans Club, Royal Mer soutient et suit les projets de Course au Large d’un marin d’exception depuis 3 ans déjà. Pour le 3ème portrait de nos...
Membre du French Touch Oceans Club, Royal Mer soutient et suit les projets de Course au Large d’un marin d’exception depuis 3 ans déjà. Pour le 3ème portrait de nos ambassadeurs Royal Mer, nous sommes fiers de vous faire (re)découvrir notre skipper, Eric Péron, classé 4ème de la Route du Rhum 2022 en classe Ocean Fifty. Skipper talentueux et déterminé, amoureux de sa Bretagne natale, de l’océan et de tout ce qui y flotte… Rencontre !
Hello Éric ! Pour ceux qui ne te connaissent pas encore, pourrais-tu te présenter brièvement ?
Bonjour à tous ! Je m’appelle Éric Péron, 41 ans et je suis skipper professionnel depuis presque 20 ans maintenant. Quand je ne suis pas à l’eau, je réside à Plonéour-Lanvern dans le Finistère (29) où je vis avec ma femme, ma fille et mes 9 moutons d’Ouessant !
Royal Mer puise son inspiration de la Bretagne, et on imagine que toi aussi. Peux tu nous dire ce que représente cette région pour toi ?
Pour moi, la Bretagne, c'est un territoire à part : on n'y passe pas, on y vient !
C’est encore plus vrai pour la pointe Finistère, c'est le bout du bout, le bout de la terre, c’est un espace plutôt "protégé". Pouvoir y vivre est pour moi un grand privilège. Le cadre de vie est extraordinaire: on profite d’un climat sans grandes variations (ni trop chaud, ni trop froid). Certes c'est un peu humide l'hiver mais personnellement j'aime bien cette saisonnalité marquée. J'adore la nature bretonne, autant "Armor" que "Argoat". On a tout en Bretagne en fait. J’aime la mer évidemment, le trait de côte très varié, le fait qu’à chaque petite pointe on découvre un nouveau paysage... Mais j’adore aussi la campagne, la forêt, les chemins pleins de gadoue en hiver... La qualité de vie y est incroyable, loin des très grandes villes, assez paisible, plus simple peut-être mais pour moi, plus sereine.
C'est quoi pour toi le caractère Breton ?
Moi, je viens du pays bigouden, un pays dans le pays (sourire). Il faut reconnaître qu'ici les gens sont un peu bourrus ; très chaleureux, très accueillants mais pas toujours au premier abord. Ici, il faut être digne d'amitié, gagner la confiance, mais une fois qu'elle est installée, elle est indéfectible et on est accueilli à bras ouverts comme dans une famille. J'ai beaucoup bourlingué en France ou à l'étranger à travers mon parcours dans l'olympisme ou la course au large et j'ai toujours eu le sentiment que, quand je revenais en Bretagne, je me sentais à nouveau bien.
La vie en mer et la course au large sont des sujets qui nous passionnent. Ça fait quoi de gérer un multicoque au milieu de l’océan en solitaire, un peu stressant ?
Effectivement, le multicoque est par nature assez stressant parce qu'il peut se retourner. Tout au long de notre carrière on apprend ça tranquillement en déplaçant progressivement le curseur de notre seuil de stress jusqu'à réussir à l'inhiber ou du moins à l'apprivoiser. Souvent, l’expérience, le fait d'avoir déjà vécu la situation, d'être dans le connu, permet de mieux appréhender les événements. La méthode, pour moi, c'est d'aller chercher ces situations à l'entraînement pour justement déverrouiller la peur et donc le stress qui pourraient y être associés. Après, il y a le stress de la compétition qu'on se donne aussi soi-même par rapport à un résultat, un objectif. Je crois que ce n'est pas trop mon cas ; en tout cas, ça se prépare et la prise de conscience est sûrement la première phase de désamorçage du stress.
On se demandait, comment gères-tu ton sommeil à bord ?
On a besoin d'un minimum physiologique de 4 à 5h de sommeil par jour réparti sur 24h par tranches d'environ 20mn. En solo, le sommeil est toujours un peu délicat à gérer, mais là encore, j'ai suivi pas mal de formations. Dans certaines conditions, tu ne peux pas aller dormir cela nuirait à la performance. C'est le cas si tu attends une bascule, une rotation, le passage d'un front ou s'il y a pétole ! C'est souvent dans le petit temps que les écarts se font. Là, on a une activité cérébrale immense et tous les sens en éveil.
En revanche, un vent soutenu ou régulier est propice au sommeil. On s'assure que le bateau puisse aller vite tout seul et on décroche pour 15/20 minutes. C'est juste le temps qu'il faut pour se reposer sans faire descendre le tonus musculaire. Si possible, on enchaîne les siestes: je me couche pour 17 minutes, réveillé soit par le timer, soit par une alarme, je vérifie les réglages et autres paramètres, et si tout est ok, avec des conditions stables, je retourne à la sieste.
Est ce que tu as déjà eu des hallucinations et en as-tu une rigolote à raconter ?
Ah ah oui, plusieurs fois ! Souvent, chez moi, ça commence par des hallucinations auditives: il suffit d'un bruit pour que mon oreille l'associe à une musique... Après, c'est parti, la radio est allumée, enfin... juste dans ma tête !
Le stade d'après est visuel. De la même manière, une vague, une algue ou un nuage, peuvent se transformer en un truc connu. Une fois, un bidon d'essence posé sur un rail ressemblait à une silhouette de chat. Je m'étais mis en tête qu'il y avait un chat à bord, donc je l'ai cherché partout ! J'ai appris au fur et à mesure à gérer cela, à avoir des sortes d'alertes.
Le corps est comme une batterie qui ne fait que se vider tout au long de la course. Il faut donc bien la charger avant le départ et l'économiser ensuite. Il ne faut pas faire de zèle non plus parce que, si on tire trop, la lucidité se perd et les bêtises arrivent, inattention, faute de stratégie, voire pire.... En trimaran, la lucidité, donc le repos, sont encore plus importants. Le fait d'avoir une cellule de routage à terre enlève un peu de charge mentale pour se concentrer sur le pilotage.
Faire de la course au large en solitaire aujourd’hui c’est aussi être un bon business man. Comment s'est construit ton côté "Entrepreneur - Manager" dans le temps et au travers de tes différentes expériences ?
Je crois que j'ai eu très tôt et presque naturellement cette fibre d'entrepreneur/ manager. Dès mes années d'olympisme, avec mon frère, en 470, c'est moi qui gérais les budgets, la logistique, qui allais chercher des sponsors. La démarche s'est logiquement poursuivie quand je suis passé en Figaro, puis tout au long de mon parcours. Vivre de sa passion est bien-sûr très exaltant mais pas toujours facile : il faut se donner les moyens pour réussir, avant tout, en finançant ses projets. Cela impose de développer ses compétences d'entrepreneur: chercher des solutions, convaincre, partager ses expériences, sa vision, sa passion...
Comment s'organise l'équipe (French Touch Oceans Club) qui travaille avec toi ?
On a un cocon central, composé de 4 personnes : Christophe BOUTET (chef de projet), Fanny EVENAT (responsable des partenariats) et Aurélie AUBRON (media woman) et moi- même. Chacun a sa propre société, mais roule ensemble pour notre projet. Ce cocon est renforcé, par des indépendants qui travaillent soit à la pige, soit sur un suivi à plus long terme. On pourrait citer les membres de ma précieuse équipe technique avec le boat captain, Damien LE TEXIER, assisté d'Elliot LE DEM ou encore l'équipe Com. Je n'oublierai pas ici les adhérents du French Touch Oceans Club dont Royal Mer fait partie.
Même si tout le monde est indépendant, ça reste quand-même une équipe, composée de nombreuses personnes et d'autant d'individualités. Le plus important pour moi, c'est que tous avancent avec un objectif commun: celui de la réussite du projet dont j'ai la barre ! Ce que j'apprécie, c'est l'implication de chacun. J'aime que les gens se prennent en main au sein de mon aventure. De mon côté, j'ai une perception de ce qu'il faut faire, des objectifs à atteindre et chacun va venir agréger cette vision avec ses propres qualités et compétences.
On a pu te voir en compagnie d’autres bretons surfeurs un peu foufous (Lost in the Swell) taquiner de belles vagues en Patagonie. Quelle serait pour toi ta plus belle session ?
Ce n'est pas la plus grosse vague que j'ai surfée mais elle est mythique : c'est Belharra !
On ne va pas s'emballer, c'était un petit Belharra. On était une dizaine dans l'eau. J'avais essayé de ramer sur 2 ou 3 vagues sans vraiment réussir à partir. Et en fin de session, j'ai réussi à prendre une vague. Une fois que tu es dessus, que tu as l'avalanche d'environ 10 mètres à ta droite qui fait un bruit monstrueux, tu te dis : "là, vraiment, faut pas que je tombe" ! Ça dure 20 à 25 secondes, c'est un énorme shoot d'adrénaline et tu voudrais tout de suite en prendre un autre mais, après, il n'y a jamais eu d'autres vagues, c'était la dernière de la journée.
J'ai eu la chance de parcourir le monde et de surfer sur pas mal de vagues autour de la planète. En gros, là où la voile m'amène, je vais surfer: Californie, Costa Rica, Hawaï... Je suis aussi allé en Patagonie sur le bateau Maewan avec les garçons de "Lost in the Swell": on a surfé une vague, loin de tout, perdue au milieu de nulle part, à 300 km de toute habitation. Je pense qu'on est peut-être 5 dans le monde à l'avoir surfée: forcément, ça a un côté magique !
Sans partir au bout du monde, ma dernière session grosse vague, c'était sur un spot qui s'appelle Basse Bouline sous le phare d'Eckhmül. C'était génial : il y avait un bon 4 mètres, on était 8 dans l'eau, que des stars locales (Thomas Joncour, Ian Fontaine, Ronan Chatain) et moi ! J'ai pris quelques vagues, peut-être pas les meilleures mais à mon petit niveau, c'était déjà chouette.
C’est quoi tes projets voile pour le futur ?
Je souhaite me lancer un nouveau projet d’envergure: m’aligner au départ de l’ARKEA Ultim Challenge à Brest le 7 janvier 2024, la toute première course autour du monde en solitaire,en Ultim 32/ 23. C’est le défi le plus extrême jamais réalisé en course : un tour du monde en solitaire, en ultim 32/23. J’ai déjà réservé le bateau, maintenant il me faut le ou les partenaires qui m’accompagneront dans ce projet et qui me permettront de le réaliser… Avis aux entreprises à l’esprit pionnier, donc !
Dernière question, si tu avais un pull à sélectionner chez nous pour t’accompagner au tour du monde, ce serait lequel ?
Le Adrian bien entendu ! Le pull marin par excellence. J’en porte un depuis maintenant trois ans, et il ne bouge pas, un vrai allié pour se tenir au chaud en mer.
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